Dans les derniers jours, on entend de plus en plus parler de Facebook. Le lancement du film « The Social Network », il y a peine deux semaines, a définitivement fait des vagues. Plusieurs remettent en question le statut du film ; s’agit-il d’un documentaire ou d’une histoire romancée? Au même titre que le Titanic de 1997, c’est plutôt un long métrage, basé sur une histoire vraie, mais romancé dans le but d’emplir les salles de cinéma. Les faits mentionnés dans le film ne sont pas nécessairement vérifiables, mais on comprend tout de même l’essentiel ; le jeune étudiant de Harvard a littéralement créé un monstre. Facebook est partout, même un peu trop selon plusieurs. Selon les nouvelles politiques du site, certaines informations sont désormais publiques, c’est-à-dire que le monde entier peut accéder aux pages que vous aimez, votre musique et vos films par exemple.
Dans ce lot de personnes qui ont accès à toutes ces informations, on retrouve des gens très influents dans la vie de plusieurs : les employeurs. Pour les agences de recrutement, la visite des profils Facebook des candidats est dorénavant de mise. Quand on y pense, ces agences se priveraient d’une mine d’information intéressante, et, surtout, actualisée presque hebdomadairement. Cette nouvelle source d’information lance un autre débat. Pourrait-il y avoir discrimination selon les pages que vous aimez? De plus, ne s’agit-il pas d’informations qui devraient demeurer dans votre cercle d’amis, ou, du moins, non publiques? Il faut préciser qu’il existe un nombre phénoménal de pages sur Facebook, et que l’on peut devenir « admirateur » d’autant de pages que l’on veut, il n’y a pas de limite. Par conséquent, même si vous n’avez pas passé du temps à peaufiner votre « autobiographie », le site s’en charge, en dressant la liste entière de vos pages, qui, je vous le rappelle, sont disponibles à tous. Les employeurs peuvent donc voir ce que vous aimez, ce que vous n’aimez pas, en plus d’avoir accès, au minimum, à une de vos photos. C’est là que se situe le problème ; on peut imaginer la personne que vous êtes à la simple inspection rapide de votre profil Facebook. Cela ouvre la porte à la discrimination ; racisme, homophobie, opinions politiques, appartenance religieuse, et j’en passe. Il est donc de votre devoir de limiter ces informations, pour que les employeurs ne puissent pas se faire une opinion biaisée de vous, avant de vous connaître en personne. Parce que c’est la réalité ; en 2010, vos employeurs vous connaissent sans jamais vous avoir vu. On envoie le curriculum vitae en ligne, la lettre de présentation également. À la réception et lecture des documents, les agences de recrutements feront probablement deux choses. D’abord, ils vont vous « googler ». Le moteur de recherche Google permet de voir si certaines pages web parlent de vous; articles de journaux, publications professionnelles, et tous les réseaux sociaux. Par la suite, ce sera la visite Facebook, qui permet à l’éventuel employeur de dresser un portrait sommaire et rapide de vous. Donc, un mot d’ordre ; professionnalisme. Si votre photo de profil, c’est vous, faisant le bouffon avec vos amis, le recruteur risque de zapper votre profil, même si vos compétences et votre formation académique étaient à la hauteur de ses attentes. Il n’y a pas que des amis sur Facebook.
Mais qu’en est-il de l’autre côté de l’échiquier? Il ne faut pas tout voir en noir ; en tant qu’employeur, Facebook est un excellent outil de recrutement. Il rejoint un imposant bassin de population, et vous permet d’en savoir sur vos postulants. D’ailleurs, si l’on pense au département marketing de l’entreprise, une page Facebook est presque un plus. Elle permet de dresser un portrait général de vos clients, de les rejoindre par une publicité directe, et de connaître leurs commentaires, positifs ou négatifs. Certes, la plupart des commentaires ne seront probablement pas constructifs, mais certains mériteront quand même lecture. Pour le gestionnaire en ressources humaines, les possibilités sont moindres, mais tout de même intéressantes. D’ailleurs, l’implantation de l’outil « réseaux » dans Facebook, permet de cibler des éventuels postulants, selon les critères de votre choix. Par exemple, on peut chercher dans le réseau « Université Laval », et ainsi connaître la formation académique des gens s’y trouvant. On peut également filtrer par âge, sexe, localisation et autres critères démographiques. Pour un employeur de la région de Québec, cela représente un outil puissant, permettant de connaître des gens qui sont, en quelque sorte, des « employés modèles ». Par ailleurs, on peut découvrir quelques intérêts des candidats. Pour certains types d’emploi, cela représente un élément important. On pense entre autres qu’un conseiller en marketing recherchant un emploi chez BMW devrait avoir, pour être performant, un intérêt pour les produits de la marque, et les connaissances qui s’y rattachent. Par contre, faut-il vraiment se fier à ses pages pour se construire une opinion par rapport aux candidats? En quoi le fait d’aimer ou ne pas aimer certains types de musique jouera-t-il sur ma performance au travail? Et que peut-on penser des opinions politiques? Un patron souverainiste qui voit arriver dans sa firme un fier fédéraliste n’aura-t-il pas un pincement par rapport au sujet, même si celui-ci n’a aucun lien avec l’emploi?
Mais jusqu’où cette intrusion à la vie privée va-t-elle se rendre? Ne pensez-vous pas qu’une phase entière de votre vie devrait demeurer confidentielle ou, du moins, inconnue à votre employeur? Pour un site de réseautage social, qui vise l’échange d’informations en temps réel avec vos amis, ne serait-il pas paradoxal de limiter ces renseignements à tous? Hypothéquer ses amis pour sa vie professionnelle? Presque tous le font ; rester tard au bureau, passer moins de temps avec sa famille, ses amis, pour atteindre un certain poste, ou simplement pour finir des dossiers. Je suis de ceux qui prêchent l’honnêteté, avec les autres, mais aussi avec soi-même. Un employeur qui ne vous engagera pas à cause de vos opinions politiques ou votre orientation sexuelle ne mérite pas d’être celui qui vous fera vivre. Sur votre page Facebook, réduisez au minimum les sujets tabous, ils ne font que créer des malaises et apportent des discussions beaucoup trop controversées, qui n’ont pas tout à fait leur place au travail. Limitez vos informations publiques. De toute façon, il est beaucoup mieux d’apprendre à connaître les gens en vrai, « that’s the way it’s meant to be ». Après tout, Facebook, n’est pas un site de rencontre, mais bien un de réseautage social. Alors, que pensez- vous de devenir un peu plus « virtuellement mystérieux »?
Equipe 29 F